HISTOIRE LOCALE - blog

LE MÉDECIN GÉNÉRAL VIALLET

Tout les saint-égrévois connaissent l’avenue du médecin Général Viallet, mais peu savent qui était cet homme et pourquoi la Ville de Saint-Égrève lui a rendu un hommage en ayant baptisé de son nom une avenue qui coure entre la place Pompée et l’église de la Monta.

« Ce n’est pas pour rien qu’il fut qualifié de Grand Bienfaiteur des Pauvres

Il était administrateur de l’Hôpital civil de Grenoble. À partir du moment où il prit sa retraite, on pouvait le voir partir, par tous les temps, sur son vélo (c’était la guerre et il n’y avait ni véhicule ni essence) pour aller soigner tous les gens qui avait besoin de lui, aussi bien les riches que les pauvres. Il ne faisait aucune distinction. Et jamais il n’a accepté un seul centime ! À la limite, il acceptait d’être rétribué en nature. Par exemple, lorsqu’il s’agissait d’une famille de chasseurs, on lui donnait un faisant, ou bien un lièvre…

À cette époque, en face de l’église de la Monta vivaient un vieux monsieur avec sa fille. Son métier était tailleur de pierres. Ils vivaient très modestement. Ils n’avaient pas de revenu. Il n’avait pas de retraite, rien. Il avait été appelé pour aller soigner le vieux monsieur. Il n’y avait pas de chauffage dans la maison. Et bien, il a prit son vélo. Il est monté à Proveysieux pour voir des bûcherons, et commander du bois. Tout le bois fut livrer dans la cour… Tous les jours, il allait soigner les gens et trouvait toujours un moment pour couper du bois.

Je l’ai très bien connu car notre maison correspondait avec la sienne : la cour n’était pas fermée. La maison en haut et à l’angle de la rue des Mails fut achetée plus tard. Je le voyais souvent, et dès que j’avais une blessure, c’était lui qui me soignait. Le restaurant La Dame aux Fleurs servaitjadis de logement pour les employés. Ma maison, dont l’ouverture donne un peu plus bas dans la rue des Mails, était l’habitation du fermier. Comme il faisait de la vigne, il y avait parfois beaucoup de monde qui travaillait pour lui : il fallait bien les loger lors des vendanges et des divers travaux dans les vignes. »

 

mer.

11

nov.

2009

Bombardement du 26 mai 1944 - La Buisserate

La Buisserate après le bombardement
La Buisserate après le bombardement
Lire la suite 1 commentaires

ven.

21

août

2009

LES BISTROTS DE SAINT-EGREVE EN 1920

Le bistrot du Pont-de-Vence dans les années 50.
Le bistrot du Pont-de-Vence dans les années 50.

En 1920, les cafés étaient bien plus nombreux qu’aujourd’hui, surtout en rapport avec le nombre d’habitants. Ils comptaient beaucoup dans la vie du pays. Il y en avait toujours un, non loin du maréchal, du coiffeur, de la gare, des emplacements de marché. On s’y rendait facilement lorsqu’on avait à faire au village. C’était aussi l’occasion d’y rencontrer des amis. On y entendait encore parler patois, un patois très voisin du français. La plupart possédait un jeu de boules. On y jouait aussi aux cartes. Et puis, la radio et la télévision n’existaient pas. On y venait aussi dans l’espoir d’y apprendre quelques nouvelles intéressantes, en plus des « potins » locaux. Il y en avait 5 à La Monta, tenus par : messieurs Désirat, Frier, Monsieur Sylvestre, Jacob et Martin (à la Basse-Monta). Dans le quartier des Moutonnées et Pont-de-Vence, il y en avait 3 : Poulat, Paulin, Mounier. Seul subsiste le Café du Pont-de-Vence. À Saint-Robert, on comptait 5 cafés : Giraud, Monsieur Veyret, Laboret, Termat et Faure. Dans le quartier de la Gare, des Iles et des Bonnais, il y en avait 4 : Angenieux, Monsieur Comte, Payant, Catin. Cela faisait un total de 17 cafés sur la commune. Combien en reste-t-il aujourd’hui sur la Commune ? Je vous les laisse compter…

 

Lire la suite 1 commentaires

ven.

21

août

2009

16 août 1944 : le bombardement de Saint-Martin le Vinoux

La Buisserate, avant le passage des bombardiers.
La Buisserate, avant le passage des bombardiers.

SOUVENEZ-VOUS, IL Y A 65 ANS...

Les durs bombardements par les alliés sur la région grenobloise: deux bombardements, le 26 mai et le 6 juin 1944. Onze jours seulement séparent ces deux dates ! Puis un autre, le 16 août 1944…

Fin mai 1944, deux divisions allemandes sont dans la région: la 157ème division du Général Pflaum, et la 148ème division du Général Oto Fretter Pico. Décidé par les Etats-Majors US, ce jour-là, 700 bombardiers lourds décollent d’Italie. Leur cible se trouve 1200 kms plus loin. Il s’agit d’attaquer les gares de triages de Nice, Grenoble, Chambéry, Lyon, Saint-Etienne, et les ponts sur le Rhône. La 15ème Air-Force dirige sur la gare de triage de la Buisserate 69 B24 « Libérator », en deux vagues d’attaque. A 10h41, la 1ère vague de B24 larguent 341 bombes, et la seconde vague 294 bombes. Soit un total de 158,750 tonnes de bombes qui explosent au sol, des bombes à explosif brisant qui provoquent d’énormes trous. 42 de ces bombes tombent sur la gare, soit 6,6% des charges larguées !!... Les dégâts sont très importants aux alentours. On déplore 37 morts à Saint-Martin-le-Vinoux et 19 à Saint-Égrève. Un bilan très lourd pour un résultat discutable. Des photos ont été prises par les avions, avant, pendant et après le raid. Elles sont consultables aux Archives.

 

Lire la suite 2 commentaires

ven.

21

août

2009

22 août : une date historique

Recueillement au Carré Militaire
Recueillement au Carré Militaire

Le 22 août, est célébré chaque année, comme dans de nombreuses communes de l’Isère, l'anniversaire de la libération de Saint-Égrève.

Le 22 août 1944, Grenoble et sa banlieue étaient « LIBÉRÉES ». C’était la liesse. Enfin, les nazis et les miliciens fuyaient. Le pouvoir de Vichy était abattu. On pouvait désormais vivre libre au grand jour… mais la guerre n’était pas encore terminée.

 

Saint-Égrève libérée :

Bien avant la date historique du 8 mai 45, Grenoble était libéré le 22 août 1944 au petit matin. Puis, ce fut au tour de Saint-Égrève d’être libéré. Ce sont les Résistants F.T.P. de la Compagnie 9102, accompagnés de nombreux déserteurs, lourdement chargés d’armes et de munitions qu’ils apportaient à la Résistance, qui ont l’honneur d’arriver les premiers, descendant du col de Clémencière vers La Monta. Les Saint-Égrévois ne sont pas encore au courant de la Libération. La Compagnie 9102 cantonnera au château Nerey (aujourd’hui Maison Barnave). Une équipe occupe la Mairie où le Comité de Libération doit se réunir dans la journée. Une autre occupe La Poste. Quelques drapeaux font leur apparition aux fenêtres. La Compagnie 9103 est logée dans la Salle des Fêtes du Pont de Vence. Cependant, les F.T.P. du 3ème bataillon n’ont pas le temps de souffler : un groupe est envoyé en urgence sur Voreppe car une unité nazie essaye de revenir sur Grenoble. À Gières, un très violent combat oppose les Résistants à une forte colonne allemande qui revient sur Grenoble. Par chance, les Résistants sont soutenus par des forces Alliées qui viennent d’arriver de Provence, via les Alpes en quelques jours, la route étant ouverte par les Maquisards. Les Allemands étaient définitivement repoussés.

0 commentaires

mer.

19

août

2009

La libération de Saint-Egrève

Le 22 août 2008, une cérémonie commémorative (la 64ème) de la Libération de Saint-Égrève avait lieu au monument au Morts de la Monta. En voici le déroulement :

 

- Gardes à vous !

trompettes - sonnerie ouverture de ban

- Repos ! Dépôts de gerbes. Une gerbe par Mme le Maire, et une gerbe par Féfé Rolland… Merci... Lecture du Manifeste.

- Tout d’abord, je voudrais remercier Monsieur le Curé qui a fait sonner les cloches… 64ème anniversaire de la libération du 22 août 2008. Le 22 août 1944, Saint-Égrève était libérée des troupes nazies allemandes, et de leurs valets, collaborateurs. Cela fait 64 ans. Nombreux participants à cette cérémonie n’étaient pas nés, et nous, anciens résistants, nous avions 64 ans de moins ! Aujourd’hui, les anciens résistants qui peuvent assister à cette cérémonie sont peu nombreux. On les compte sur les doigts d’une main. Nos amis, avec le concours indispensable du Conseil Municipal de Saint-Égrève, nous vous demandons, quant à nous, quand nous ne pourrons plus assumer nos devoirs de mémoire, de lutter contre l’oubli en perpétuant la cérémonie de la libération. Car des hommes et des femmes, résistants, résistantes, ont donné leur vie pour libérer le peuple de France des hordes nazies d’Hitler, et de leur valets de Pétain. Nous vous confions le devoir de mémoire envers eux et de toute la Résistance. Que serions-nous devenus sans eux ? Il y aurait eu bien-entendu le 8 mai 45, la Victoire des Alliés, américains, anglais et russes, mais sans la France. Notre pays, comme l’avait prévu les Alliés, anglais, américains, aurait été soumis à une grave occupation, c’est à dire une occupation et une administration alliée, la France n’étant pas libre. Grâce à la Résistance, et en particulier à la constitution du Conseil National de la Résistance (CNR) le 27 mai 1943 par Jean Moulin, les alliés ont été obligé de reconnaître la légitimité de Charles de Gaulle comme chef de toute la France libre, et de reconnaître la France comme 4ème Grand. On a fait un pas important. On est devenu quand même le quatrième Grand. Comme je le disais l’année dernière, avant le 22 août, les gens vivaient dans la peur et la faim. Ils avaient un mal vivre pour tous. Il y avait la crainte d’être pris comme otage et fusillé, ou déporté, pour l’exemple parfois, sans savoir pourquoi. Il y avait aussi la crainte d’être bombardé par l’aviation alliée, hélas, comme le 26 mai 1944 à la Buisserate, et à Saint-Égrève, et le 16 août 1944 à Pique-Pierre. Bombardements qui ont fait de nombreuses victimes.

A partir de juillet 44, les forces nazies n’osaient plus s’aventurer sur la route 75, ni sur la voie ferrée Lyon-Grenoble, Lyon-Valence. La résistance locale du 3ème Bataillon FTP avait la maîtrise de ces axes. Dans la nuit du 21 au 22 août 1944, les résistants du 3ème Bataillon FTP ont fait prisonniers les soldats allemands qui occupaient le barrage de la Porte de France. La voie était libre, libre pour rentrer dans Grenoble.

Lire la suite 0 commentaires

sam.

15

août

2009

Il y a 40 ans : la poste explosait

La Poste, avant exlosion
La Poste, avant exlosion

De nombreux nouveaux arrivants se sont demandé pourquoi la rue de la Vence Scène, et de l’école du Pont-de-Vence s’appelait « rue de l’Ancienne Poste ». Elle fut baptisée ainsi en souvenir d’un bureau de Poste qui explosa un vendredi 26 janvier 1968, vers 22h00… Cette nuit-là, une formidable explosion détruisit la Poste. Quelques secondes plus tard, de grandes flammes envahissaient les décombres, empêchant toute approche des pompiers. Retour dans les années 68.


*

 

Le petit bureau de Poste était situé juste en face de l’actuelle Poste (provisoire), en bordure de la RN75. Sa construction date de 1931. devenu trop petit, il devait être démoli et remplacer par une plus grande Poste. Cette habitation à un étage comprenait au rez-de-chaussée le bureau de poste, et à l’étage un appartement de fonction, celui de M. Robert Pelletier, receveur, de sa femme et ses trois enfants. À cette époque, il n’y avait que 6 tournées facteurs. Antoine C. y a travaillé jusqu’en, 1968. Il terminait tous les jours à 15h00 en commençant à 6h30, et était payé 332 francs (équivalent aujourd’hui à 1000 euros) qui étaient remis chaque fin de mois en espèces, dans une enveloppe. C’était une petite paye. Il faisait ses courses à la Monta. On lui faisait crédit, et lorsqu’il touchait son salaire, il réglait l’ardoise. Antoine avait dû acheter un vélo d’occasion à un certain Mérieux, un brocanteur vers la rue des Moutonnées, parce que la Poste ne donnait aucun vélo aux facteurs.

Antoine raconte que l’ambiance n’était pas formidable à la Poste. Quand les facteurs terminaient leur tournée, ils se retrouvaient entre eux au bar de la rue des Moutonnées, un bar qui appartenait à un Monsieur Bonnet. On y cassait la croûte. On discutait. Il y avait bien entendu le bar du Pont-de-Vence, mais ils préféraient ne pas y aller parce que leurs vélos étaient visibles depuis la route. Alors qu’aux Moutonnées, ils laissaient les vélos derrière. Là, il y avait une bonne ambiance. Antoine reconnaît que depuis quelques jours, cela sentait le gaz dans le bureau. Ils en avaient parlé à M. Pelletier, le receveur. Il avait répondu qu’il s’en occuperait.

 

(suite de l'article : cliquer sur "plus d'infos")

 

Lire la suite 1 commentaires

sam.

15

août

2009

Lionel TERRAY et la Compagnie Stéphane

Il y a 33 ans, le 23 septembre 1965, le monde de l’alpinisme, ses amis, sa famille, apprenaient, stupéfaits, incrédules, que Lionel Terray et son camarade de cordée Marc Martinetti, étaient retrouvés morts, au pied de la voie en Y au Gerbier, voie qu’ils avaient gravie dans la matinée et certainement en un temps record. Il venait d’avoir 44 ans.

En septembre 1944. Lionel Terray ne défiait pas seulement la montagne, mais aussi l’armée allemande, au sein de la Compagnie Stéphane.

 

Après une première campagne de Maurienne conduite dans la foulée de la Libération de Grenoble, par des unités à structure régulière, sous les ordres du commandant Le Ray, il apparut nécessaire de rappeler les bataillons, leur tâche terminée, pour le grand travail de recueil, de refonte d’encadrement, d’ajustement et d’équipement, en vue d’une poursuite de la campagne sur un pied entièrement nouveau pour tous. Le mois d’août 44 fut consacré à cette tache immense à laquelle chaque chef d’Unité sut donner une empreinte particulière.

Chez « Stéphane » pas d’hésitation… le caractère offensif, mobile, qui avait prévalu et assuré le succès des opérations de style « guérilla » devait s’inscrire dans la nouvelle donne. En conséquence les cadres de contact, la majorité des chasseurs devaient être capables de surmonter les obstacles naturels générés par l’hiver en montagne, sinon en haute-montagne.

Déjà quelques cadres de « Jeunesses et Montagne » s’étaient spontanément enrôlés dans les rangs de la compagnie ; d’autres furent sollicités individuellement, beaucoup répondirent « présents ». Mais « Stéphane » souhaitait toujours plus… Ainsi des alpinistes de renom acceptèrent-ils de mettre leur technique à sa disposition. Lionel Terray fut de ceux-là, qui contribuèrent à créer une compagnie Stéphane moralement à l’image de celle qu’ils avaient connu, mais techniquement prête à affronter les objectifs nouveaux qui les attendaient.

Dès novembre 44, une mission leur est confiée : « Fantassins alpins, ils faut monter la garde sur les crêtes de Maurienne… » alors qu’ils sont à l’orée d’un hiver qui s’annonce rude.

La veille de leur départ, c’est la visite du Général de Gaulle et le défilé triomphal à la fois conclusion d’une étape et prélude d’un nouvel épisode. La page est tournée.

La 3ème demi-brigade quitte Grenoble et l’Isère, son berceau, pour ne plus y revenir.

Là-bas, sous le Mont Cenis, l’ennemi se montre hargneux et mordant. Quelques jours avant l’arrivée de la demi-brigade, il a attaqué et brûlé Termignon. Il multiplie ses patrouilles audacieuses, les poussant jusqu’aux lisières des point d’appui de la ligne de résistance et des soutiens. Les tirailleurs que relèvent les leurs sont peu adaptés à la montagne et l’Allemand qui occupe les positions adverses.

Le plateau du Mont Cenis est la pièce maîtresse du système défensif ennemi. Sa possession livre la clef du Val de Suse et du Piémont. L’adversaire, qui sait que la conquête par les leurs de cette plateforme de départ lui serait fatale, y a implanté ses meilleures troupes. Sa position stratégique est, en novembre 44, très favorable. Il tient tous les cols et les observatoires de la crête frontière et même en avant d’elles des bastions comme le Mont-Froid qui commande toute la moyenne vallée de l’Arc.

Les lignes françaises courent paradoxalement au fond de la vallée ; les villages sont organisés en centres de résistance fermés, en hérisson. Quelques postes isolés sont détachés sur les axes de pénétration ennemis. Eux aussi sont aptes à se défendre dans toutes les directions.

La neige tombe, le gros de l’hiver arrive, accroissant la solitude des postes avancés, rendant la haute montagne toujours plus hostile.

C’est par le mouvement et l’observation qu’ils se prémunissent contre les entreprises ennemies. C’est par le mouvement et l’observation qu’ils préparent la reprise des opérations offensives. Mais ce mouvement n’est désormais possible que pour les skieurs. Les massifs de Maurienne sont difficiles, abrupts et avalancheux. Il faudra des sections d’éclaireurs très entraînés. Mais la 3ème demi-brigade est bien montée. Le Colonel, son chef d’E.M., ses deux adjoints et les trois chefs de bataillon, sont d’anciens commandants de S.E.S. et coureurs de montagne. Parmi les cadres et les alpins, de grands noms de l’alpinisme et du ski français : Frendo, Terray, Chevalier, Boell, Masson, Cretton, Lier, Gardent. Le matériel est médiocre, le vêtement très insuffisant. Pas de chaussures permettant la marche ni, surtout la station immobile des heures durant dans la neige, pas non-plus de sous-vêtements de laine.

 

Et malgré tout, c’est l’assaut continuel des patrouilles sur les crêtes entre les cols et les postes tenus par l’ennemi. L’Allemand, enfoui sous la neige, au rebord des brèches, occupe les points bas. Mais en quelques semaines, les alpins reprennent l’ascendant par leurs ardentes randonnées. Ce sont ceux-là qui désormais dominent. Au petit jour, ils sont sur les sommets, au-dessus des positions allemandes, parfois derrière elles. Et les chasseurs allemands harcelés, inquiets, renoncent aux coups de main dans la vallée. Ils se gardent désormais et c’est tout.

 

Les hommes de la compagnie Stéphane sont chaque jour au-dessus de 3.000 m. Ils patrouillent continuellement à :

Cime et Col du Carro (3345m)

Col Perdu et Levanette (3456m)

Pas de l’Arc et col Girard (3203 et 3084m)

Col de Séa (3095m)

Collerin (3219m)

Col de Bessanèse (3200m)

Col d’Arnès (3022m)

Col Martelli (3300m)

Ouille d’Arbéron (3540m)

Col du Lautaret (3079m)

Col de Novalèse (3209m)

Pas du Chapeau (3297m)

Pointe du Clot (3000m)

La Roche d’Etache (3068m)

Col d’Agnel (3101m)

Cols du Fond Nord et Sud (3050m)

Col Sommeiller (3002m)

Pierre Miniieu (3244m)

La Pointe St.Michel (3252m)

La Cime du Grand Vallon (3125m)

La Belle Plinier (3076m)

La Cime de la Planette (3071m)

Mont-Thabor (3165m) … etc.

 

 

Un extrait des « Conquérants de l’Inutile » de Lionel Terray :

 

« Lorsque je rejoignis la Compagnie Stéphane, elle sortait à peine de plusieurs mois d’une activité intense et n’avait été que très peu affaiblie par les éléments nouveaux venus s’y joindre après la Libération. C’était une troupe très entraînée et animée d’un esprit de corps extrêmement développé. Il y régnait un enthousiasme, un esprit de camaraderie et une chaleur humaine rappelant les beaux jours de Jeunesses & Montagne.

Da,ns les patrouilles et les coups de main, pour lesquels nous étions toujours volontaires, nous ne cherchions pas sérieusement à tuer les Allemands ou à obtenir un quelconque résultat guerrier. Ce que nous aimions, dans cette guerre inutile et démodée, c’était sa ressemblance avec l’alpinisme. Comme dans l’alpinisme, ce que nous cherchions dans ces actions, c’était une aventure où le courage, l’intelligence et la force permettent de triompher d’obstacles apparemment insurmontables ; c’était aussi la vie dans ce monde de grandeur et de lumière où nous avions appris à ne plus être des larves traînant dans la boue.

Pendant cette guerre des Alpes, j’ai passé tout l’hiver et le printemps à courir la montagne en tous sens, à des altitudes allant de 1300 à 3000 m et même davantage. Les besoins de l’activité militaire nous contraignirent parfois à accomplir des missions dans des conditions techniquement impossibles ; ceux-ci auraient bien été en peine de nous contredire. Mais nous avions toujours joué le jeu et souvent, nous avons pris de risque de traverser des pentes où la neige était proche de son point de rupture.

A deux reprises, j’ai été pris dans des avalanches importantes. La première fois, j’ai descendu 400 m de dénivellation avec la masse de neige et n’ai pu m’en tirer que parce que j’ai eu la double chance de perdre mes skis et de me trouver sur le sommet de l’avalanche lorsqu’elle s’est enfin arrêtée sur une pente douce. La deuxième fois, j’ai réussi à m’échapper en piquant droit sur un bosquet d’arbres où je pus me mettre à l’abris. Malheureusement, un de mes camarades, moins bon skieur, fut tué.

La multiplicité de ces expériences et le fait de souvent aller à l’extrême bord de la lisière séparant la sécurité du danger, lisière que beaucoup transforment en marge spacieuse, m’ont donné une expérience de la neige et des avalanches que peu d’autres montagnards ont eu la possibilité d’acquérir.

Cette science de la neige est faite de données techniques relativement précises que chacun peut apprendre dans un manuel et d’une sorte de flair, dû à la fois à un certain don naturel et à l’accumulation d’observations enregistrées davantage par le subconscient que par la mémoire à proprement parler.

Pendant cet hiver, j’en ai appris davantage dans ce domaine que pendant tout le restant de ma vie et pourtant, Dieu sait si, dans ma jeunesse je me suis souvent aventuré imprudemment sur des pentes dangereuses.

J’aurai quarante ans dans quelques jours : vingt ans de luttes sur toutes les montagnes du monde, m’ont laissé plus de force et d’enthousiasme que n’en témoignent la plupart de mes jeunes compagnons. Pourtant, je ne suis plus tout à fait celui qui, bousculant les hommes et les éléments, triompha de la Walker, de l’Eiger, du Fitz-Roy et du Chacraraju. Tant d’années d’efforts, de souffrance et de danger changent un homme.

Poussé par la force indomptable de ma passion, dans toutes les expéditions, quel qu’ait été mon titre, j’ai toujours marché à la pointe du combat là, comme dans les Alpes. J’ai toujours accepté d’un cœur serein les plus grands risques et parfois de lourdes responsabilités. Si j’ai entraîné les autres dans le danger, je n’ai jamais cessé de me tenir à leur côté. »

 

0 commentaires

sam.

15

août

2009

Lionel TERRAY et la Compagnie Stéphane

Lionel Terray et la Compagnie Stéphane (de novembre 1943 à août 1944)

 

Si nous n’allons pas rappeler les grandes lignes de sa vie, nous allons néanmoins apporter quelques informations supplémentaires sur la compagnie Stéphane qu’il avait rejoint en 1944, en tant que maquisard. Aussi, nous attarderons-nous sur la stratégie militaire de la compagnie. Stéphane, au moment de la campagne des Alpes de 1944-1945, sut faire de la montagne une alliée en transformant sa compagnie en unité de haute-montagne, encadrée par les meilleurs alpinistes et skieurs de l’époque – dont Lionel Terray – et d’anciens chefs de l’organisation Jeunesse et Montagne. La compagnie Stéphane forme le 1er bataillon de marche FFI, noyau du bataillon Belledonne à partir duquel sera recréé en août 1944 le 15e bataillon de chasseurs alpins (15ème BCA). Ainsi structurée et entraînée, la compagnie, loin de subir la contrainte du terrain et de l’hiver enneigé de la Haute-Maurienne, conservera toute sa capacité opérationnelle durant la longue veille de décembre 1944 à mars 1945, menant des reconnaissances profondes en territoire italien, acquérant le renseignement nécessaire à l’offensive du printemps qui lui ouvrira les portes de Turin où elle sera la première à entrer.

 

Ces précisions nous ont été données par Germain Navizet, 85 ans, ancien chef de groupe de la Cie Stéphane. Il a commandé Lionel Terray. C’est d’ailleurs ce même Germain Navizet qui avait ramené le corps sans vie du Lieutenant Fiancey, tué lors de l’attaque du Fort de la Bastille, au Mont Rachais, le 27 juillet 1944. Cet épisode sera développé ultérieurement. La compagnie Stéphane a vu le jour à Planfay, chez lui. Une étoile, emblème de la compagnie, orne la façade de sa maison.

 

 

« Stéphane » était le nom de résistant du capitaine Étienne Poitau (1919-1952). Celui-ci apparaît comme un chef des plus exigeants, ce même chef qui ne tolère pas la moindre défaillance, notamment au combat. Mais surtout, ses hommes sont marqués par le profond respect que leur témoigne un chef particulièrement attentif à préserver leur vie. « 20 ans sont nécessaires pour faire un homme, et cela n’a pas de prix ! » disait le capitaine Stéphane. Il était hanté par les pertes humaines au sein de sa compagnie et ne concevait pas qu’un de ses chefs de groupe se permette d’avoir des tués au combat. Il va ainsi se donner les moyens de minimiser ses pertes par une préparation minutieuse des opérations et un entraînement particulièrement rigoureux. Et cet effort s’avérera payant puisque la compagnie ne comptera que 12 tués pour 69 opérations de guerre menées sur l’ennemi, alors qu’elle comptera jusqu'à 136 hommes répartis en 9 groupes.

 

« La sueur épargne le sang »

Pour limiter les pertes, Stéphane fait sienne cette devise du général russe Dragomirov, reprise par Lyautey. On retrouve dans cette préoccupation, le premier principe défini dans son ouvrage « Guérilla en montagne » qui fera référence : l’aguerrissement des corps et la formation des esprits. Les « Stéphane » sont donc soumis à un entraînement des plus sévères, qui leur fera dire au moment du combat : « C’est quand même moins dur qu’à l’exercice ! » Cet entraînement consiste en marches incessantes en montagne, d’exercices d’alerte, d’orientation… Stéphane met également l’accent sur l’entraînement au tir : « une balle, un homme ! » avec de nombreuses séances. À ce sujet, il apparaît que si Lionel Terray était un bien piètre tireur (il mettait peu de balles dans la cible), il était par contre bien meilleur dans la tactique montagnarde : c’est d’ailleurs lui qui enseigna à ses compagnons l’art de la montagne.

 

Ne pas subir

L’entraînement intensif contribue à maintenir la compagnie dans un état de qui-vive permanent. « Il ne faut faire, dit-il, ni ce qu’on attend de nous, ni le contraire, mais tout autre chose. » La vie de la compagnie est faite de nomadisations incessantes, d’exercices des plus originaux, de coups d’éclats dans les maquis voisins qui maintiennent les hommes dans une préparation opérationnelle permanente.

 

La guerre du faible au fort : la guérilla

Le propre de la guérilla est d’affronter, avec des moyens réduits, une force conventionnelle largement supérieure. Il faut donc compenser la faiblesse numérique et matérielle par la ruse, le « bluff », l’utilisation judicieuse du terrain, une rusticité et une endurance au-dessus de la moyenne. Il s’agit aussi de gagner les populations à la cause que l’on défend.

Stéphane se refusait d’utiliser la population civile comme base de repli et de camouflage… En effet, l’imbrication avec les populations civiles finit toujours par entraîner des représailles sur les personnes que l’on est censé libérer. La compagnie Stéphane, au contraire, vit loin des habitations, en autonomie, sans contact extérieur. Elle échappe ainsi aux ratissages, évite le cycle infernal attentat-répression et gagne en retour une immense réputation auprès des villages de sa zone d’action.

 

Respect de l’adversaire

La deuxième tentation de la guérilla est de s’affranchir du respect des lois de la guerre. En effet, combattant sans uniforme, considérée par l’ennemi comme terroriste, il peut lui sembler plus efficace de passer outre certaines règles contraignantes. Stéphane choisit l’attitude inverse. Respectueux de l’adversaire, il traite les prisonniers conformément à la Convention de Genève. Il fait savoir aux Allemands qu’il ne les attaquera jamais dans les villages, mais exige en retour qu’ils ne commettent pas de représailles. Et les Allemands jouent le jeu ! De même, il considère la destruction de l’ennemi comme un échec : « Vaincre pour nous, dit-il, ce n’est pas détruire mais convaincre, c’est transformer l’adversaire en auxiliaire et non en charogne. Un pays ravagé, les hommes massacrés, quelle défaite pour un vainqueur. Notre objectif est de refaire l’unité de notre peuple dans la liberté ; notre ennemi, c’est l’équipe nazie au pouvoir plus encore que l’Allemand... » Il cherchera toujours à éviter le sang inutilement, témoignant ainsi d’un profond respect de la personne humaine.

 

Leçon de tactique

Pour tromper l’ennemi, Stéphane développe aussi un art consommé du camouflage, du « bluff », multipliant les faux bivouacs, les feux de camps dans tout le massif de Belledonne, et en se déplaçant sans cesse. Cette action va s’avérer payante puisque les rapports allemands de cette époque estiment que les effectifs de la compagnie sont dix fois supérieurs à ce qu’ils étaient en réalité. Une fois bien renseigné sur l’ennemi et ses mouvements, une fois cet ennemi trompé sur nos propres capacités, il reste à l’attaquer. Nous avons déjà parlé de la priorité accordée par Stéphane à la pratique du tir, en ce qui concerne l’entraînement de ses hommes. Au combat, une place prépondérante est donnée à la discipline du feu, facteur essentiel pour la réussite de l’embuscade. Celle-ci est le procédé majeur utilisé pour la pratique de la guérilla, l’objectif étant, dans la plupart des cas, un axe de communication emprunté par l’ennemi. Stéphane sait aussi tirer profit du milieu dans lequel il évolue. D’abord localisée en Chartreuse, sa compagnie quitte ce massif trop compartimenté, traversé par des falaises abruptes qui pourraient interdire les mouvements de repli. Stéphane installe alors ses hommes en Belledonne, où ses pentes régulières relient les axes de communication de la vallée du Grésivaudan – lieux des futures embuscades – aux forêts du massif, refuges pour les groupes.

Étienne Poitau était chevalier de la Légion d'honneur, médaillé de la Résistance, titulaire de cinq citations, dont trois à l'ordre de l'armée. Son nom a été donnée à la promotion 1992-1995 de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr. Aujourd'hui encore, la 5ème Compagnie de réserve du 13ème BCA se nomme la compagnie Stéphane, à la mémoire des Stéphanes et de leur chef; elle est la seule compagnie de réserve en France à avoir hérité du nom et des traditions d'une compagnie de résistants.

(à suivre)

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Etienne_Poiteau

0 commentaires

sam.

15

août

2009

La fin du Lieutenant Fiancey

La fin du Lieutenant Fiancey

 

Fiancey était le nom de résistant de François de Quinsonas, fils aîné du Marquis Paul de Quinsonas, né le 24 novembre 1911. Ce dernier avait été nommé, par arrêté préfectoral, en 1941, maire de Saint-Égrève. 1941 : cela signifie certaines choses en sous-entendu. Du fait de la débâcle en mai-juin 1940, le Maréchal Pétain, chef du gouvernement depuis le 16 juin 1940, signe l'armistice avec l'Allemagne le 22 juin 1940. Les clauses définies par cet armistice sont très sévères à l'égard de la France : entre autres, des clauses territoriales. La France est divisée en deux : la France du nord (France directement occupée par les nazis, avec Paris comme capitale) et la France du sud (dite France "libre", avec Vichy comme capitale). Entre ces deux France passe la ligne de démarcation. Le régime de Vichy se caractérise enfin par la mise en place d'une collaboration d'Etat (collaboration sans doute tactique pour la plupart des Vichystes qui pensent obtenir des compensations de la part du régime nazi). Mais cela, tout le monde le sait…

Pour revenir à l’histoire de Saint-Égrève, le marquis de Quinsonas devenait maire pendant l’occupation allemande, ce qui sous entend accepter en même temps une certaine collaboration avec l’ennemi. François de Quinsonas a beaucoup souffert de cet état de fait. Lorsqu’il eût la possibilité de s’engager dans la résistance, pour « redorer » le blason familial, il le fit sans hésiter. On lui permit de rejoindre la Compagnie Stéphane, alors établie en 1944 dans le massif de la Chartreuse. Il avait pris naturellement le nom de guerre de « Lieutenant Fiancey » en référence à une des propriétés de sa famille.

Peu d’hommes de la compagnie Stéphane peuvent affirmer l’avoir bien connu car il fut tué par les Allemands, lors de l’attaque du Fort de la Bastille, au Mont Rachais le 27 juillet 1944, c’est à dire seulement quatre jours après son enrôlement !

Germain Navizet est allé rechercher son corps sous le nez des Allemands, en plein jour. Il s’était dit « Mon vieux, je te dois bien cela, même si c’est risqué d’aller là-bas ! » Il y avait encore beaucoup d’Allemands car les combats eurent lieu la veille, pourtant ils n’essuyèrent aucun tir. Peut-être étaient-ils encore dans la caserne de la Bastille, et qu’ils n’étaient pas encore remonté. D’ailleurs, après ces combats, deux copains avaient commencé à redescendre son corps, alors qu’il faisait toujours nuit, avant de cacher son corps. Il y avait encore de nombreuses patrouilles. Toujours, lors de cette fameuse nuit de combats, Germain Navizet était du côté de Pique-Pierre, avec un autre de la Compagnie Stéphane. Ils étaient deux car il y avait deux sentinelles qui étaient sur le pont. Chacun avait sa sentinelle à neutraliser. Après un combat au corps à corps, le deuxième maquisard et lui-même parvinrent chacun à abattre leur sentinelle allemande. D’ailleurs, cet acte de bravoure lui valut une citation. La sentinelle descendue, ils s’étaient emparé de leurs armes. C’est le lendemain matin que Germain Navizet est allé récupérer le corps du Lieutenant Fiancey, avec l’aide de deux autres camarades de la compagnie Stéphane. Ils étaient descendus depuis les champs qui se trouvent en face de la Bastille. Ils portèrent son corps jusqu’à la route pour ensuite le déposer dans un tombereau. Il y avait en appuis, trois groupes de tireurs embusqués pour protéger leur retraite. Un groupe était juste au-dessus de la route nationale, dans les gorges qui montent vers la Frette, et les deux autres groupes étaient un peu plus haut. Comme la route montait depuis Grenoble jusqu’à la Frette, c’était prévu de mettre son corps dans un tombereau car ils ne pouvaient pas le transporter, sur une longue distance, uniquement en le portant sur leurs épaules. Dans ce tombereau, ils avaient mis dedans des sarments et de la paille par dessus. Et ensuite, à la Frette, c’est une voiture du maquis qui l’a emmené à la cure du Sappey. Ils le lavèrent. Son corps était couvert de sable et de sang. Ses parents vinrent reconnaître son corps.

Germain Navizet ne l’a pas côtoyé durant ses quatre jours de services à la compagnie car il était dans une autre section. Les hommes reprochèrent au capitaine Stéphane de l’avoir nommé « chef de section » (une section : environ 15 hommes) parce qu’il n’avait aucun entraînement au combat, surtout que deux ou trois autres hommes étaient sous-lieutenant aspirants, qu’ils étaient chef de groupe et qu’ils auraient mieux pris le grade de « chef de section » à sa place.

Le lendemain, 22 août 1944, c’était le grand jour de la libération de Grenoble. C’est la compagnie Stéphane qui mit en déroute les Allemands, si bien que lorsque les Américains pénétrèrent, quelques heures plus tard, dans la capitale des Alpes par ce qui est aujourd’hui le cours de la Libération, ils ne rencontrèrent aucun soldat allemand, mais en revanche une foule en liesse, pleurant et chantant de joie.

Le lieutenant Fiancey était papa d’une petite fille depuis peu, sa femme ayant accouché une dizaine de jours en arrière. Depuis, sa fille fréquente de temps en temps « L’Amicale des anciens de la compagnie Stéphane ».

Le lieutenant Fiancey est enterré dans la partie ancienne du cimetière de Saint-Égrève, à la Monta. Sa tombe est dans le fond, non loin du Carré Militaire, adossée au mur d’enceinte. Sur la stèle, on peut y lire qu’il était « Chevalier de la Légion d’honneur, croix de guerre 1939 1945, officier de chasseurs d’Afrique, lieutenant au premier bataillon du Grésivaudan. La compagnie Stéphane était devenue le 29 août 44, la première compagnie du Bataillon de Belledonne.

 

 

1 commentaires

Drapeaux des pays visiteurs uniques. Logiciel ajouté le 27/08/2009 :

free counters